Cette histoire me touche d’une manière absolue…
Certes, j’avais tellement apprécié le roman précédent « Pourquoi tu danses quand tu marches ? » que j’étais déjà un peu conquise par cette écriture pleine de poésie et d’intensité (et pourtant je plaçais forcément la barre un peu haute…).
Et puis ce texte entrait en résonance avec ma propre histoire : j’ai souffert d’une de ces maladies « rares » (un épisode que je ne peux pas vraiment oublier car j’en garde encore les stigmates aujourd’hui). Je ne m’étais jamais mise dans la peau de celle qui m’avait soutenue durant ces années d’allers-retours à l’hôpital car ma mère ne peut plus me raconter cette histoire-là malheureusement.
Alors, si longtemps après, j’ai trouvé dans ce livre un exutoire… Merci pour cela.
La fille d’Aden et Margherita vient de tomber malade et doit être hospitalisée en urgence.
Que faire face à ce désarroi qui briserait les reins de n’importe quels parents ?
Si le sujet de départ est forcément dramatique, il n’y a pas de renoncement dans ce livre, je n’y vois que des victoires !
À commencer par la puissance enveloppante de la « mamma » : je ne peux pas oublier l’image de cette mère au chevet de sa fille, dévouée à elle, s’oubliant totalement pour être entièrement tournée vers son enfant et sa guérison.
Aden a quant à lui choisi de convoquer le pouvoir guérisseur des mots car c’est ce qu’il sait faire de mieux.
À partir de là va se mettre en place une correspondance entre la fille et le père (qui est éloigné à Washington où il est professeur d’université).
Pour lutter contre ses angoisses, contre ce sentiment profond d’injustice et cette impression toxique de déjà-vu (car il a lui-même vécu la maladie durant son enfance), il va donc écrire : car les mots sont des médicaments, même s’ils sont parfois douloureux à entendre, oui les mots soulagent.
Ce sont des « mots pansements », des mots d’amour et de soutien inconditionnel.
Ainsi défile cette discussion ininterrompue, lucide (et avec quelle maturité le fait notre jeune Béa !), un fil qui se tisse intergénérationnel, ancestral, d’une beauté écorchée mais tenace.
Et toujours cette mémoire djiboutienne qui n’en finit plus de revenir pour être décortiquée dans le présent, l’expliciter, le soutenir mais avec quelle poésie encore !
Dire que j’ai aimé ce livre serait un euphémisme. Espoir : voici ce qu’il pourrait vous apporter…
Retrouvez plus d’infos sur le site de l’éditeur
Résumé :
Aden est un professeur épanoui et un père heureux.
Mais la maladie subite de sa fille réveille des souffrances anciennes. Lui aussi, enfant, est tombé malade et soudain, son corps se souvient de tout : de la vie à Djibouti, du garçon solitaire qu’il était, de la seule douceur d’une grand-mère, du réconfort des livres.
Chaque jour, il téléphone et écrit à sa fille. Il lui raconte les paysages de sa jeunesse, convoque les mânes de ses ancêtres, faiseurs de pluie ; elle lui parle de son quotidien, l’impatience de courir à nouveau. Le père retranscrit leurs mots pour garder une trace de la lutte et vaincre le mal grâce à ce qu’ils ont de plus précieux : l’espoir.
Un roman bouleversant qui sonde l’enfance, sa part heureuse et sa part d’épouvante, le dialogue lumineux d’un père et d’une fille qui triomphent en s’appuyant sur la mémoire et la poésie.
Si vous avez aimé ce livre, peut-être apprécierez-vous Les coeurs pleins de Lauriane Bordenave…