Modern lovers d’Hugues Blondet, un film ostreo-poétique

Modern lovers d'Hugues Blondet, un film ostreo-poétique

Il m’aura fallu « détroquer » le visionnage de l’avant-première du film d’Hugues Blondet pour en tirer sa substantifique moelle.

Pour qui n’est pas adepte du parler ostréicole, le détroquage consiste à séparer les jeunes huîtres du collecteur – qui sont à ce stade coller les unes aux autres – pour leur permettre de prendre leur place et de bien grandir; mais c’est aussi une opération que l’on réalise après récolte pour décoller les huîtres au couteau lorsque cela est nécessaire… Vous voyez un peu l’image ?

Une semaine après notre virée dans la salle du Lido de Royan, que reste-t-il de ces « modern lovers », premier long métrage réalisé par Hugues Blondet ?
La voix tressaille un peu pour nous le présenter sur scène avant la projection, forcément une avant-première est un moment de haute intensité car il s’agit de se confronter pour la première fois à son public : comment va-t-il réagir ? Est-ce qu’il va comprendre le film ? L’aimer ?

Si Hugues Blondet offre un bel hommage à sa terre natale trembladaise, à ses couleurs (diablement mises en valeur par l’étalonneur du film qui n’est autre que son fils Zac Blondet); son film pousse la réflexion plus loin qu’une histoire d’amour « moderne » sur fond de cabane ostréicole…
Le chercheur italien Giuseppe Longo y fait ainsi des « incartades » (depuis la cité des Doges) sinon désarmantes, du moins inattendues dans ce contexte et qui poussent vers une problématique finalement très « moderne » (que je ne vous dévoilerai pas !).

À l’écran, j’ai retrouvé la quiétude apaisante des marais ostréicoles : un lieu presque en dehors du monde où le temps semble infini…
Il me semble aussi que ce film est une déclaration d’amour pour les hommes et femmes de cabanes ostréicoles qui font un métier particulièrement difficile.
Leur gestuelle est hypnotique, on pourrait passer des heures à les regarder faire. On sent le regard presque ému qu’Hugues Blondet porte sur eux, ici peu de mots suffisent car ils ne sont pas essentiels, juste le bruit des machines en fond sonore auquel répond l’écho vide des marais à la nuit tombée.
Emmanuelle Baticle interprète cette femme presque mutique qui vit au rythme de son travail en cabane, Jérome Boiteau est quant à lui bien campé dans ses bottes d’ostréiculteur. Chez tous les deux la solitude est palpable.
À l’inverse, la voix de Giuseppe Longo suave, musicale, vient comme une césure au silence. La rigueur scientifique d’un côté, l’émotion de l’autre.
Quand on y pense, la vie, l’amour est un jeu parfois logique et d’autre fois irraisonnable…

D’ailleurs, cette histoire d’amour « moderne » dans ce terroir hors du temps est presque une gageure ! Ici aussi les réseaux sociaux ont détricoté les relations humaines, Hugues nous le montre non sans humour. Il suffit parfois de mieux regarder autour de soi pour aller à rebours et retisser les liens…
Ces séquences sont entrecoupées de gros plans sur les visages qui m’ont fait penser au générique culte du Cinéma de minuit… Une belle entrée en matière donc.

Enfin je termine avec la musique composée par Mathieu Girard, qui porte le film et le célèbre.

Vite, vite qu’on puisse le retrouver officiellement en salle !

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