Camera obscura, Lenoir Gwenaëlle

Camera obscura, Lenoir Gwenaëlle

Gwenaëlle Lenoir s’est inspirée du parcours du photographe syrien César pour l’écriture de ce livre percutant.

César (un pseudo, on comprend aisément pourquoi) est aujourd’hui connu pour avoir dénoncé la violence du régime de Bachar Al-Assad à travers ses photos de corps martyrisés par la police militaire syrienne.
En tant que photographe légiste, il était en effet aux « premières loges » de cette violence inouïe puisqu’il était chargé de photographier les corps mutilés dans la morgue de l’hôpital militaire où il travaillait.
Pour garder une trace des atrocités, il a enregistré des copies de ses clichés sur clés USB (des dizaines de milliers de photos insoutenables) qui lui ont ensuite permis, une fois exfiltré du pays, de rendre compte des atrocités commises auprès des instances de justice internationale. Son témoignage est évidemment capital pour, d’une part, rendre justice et, d’autre part, permettre aux familles de retrouver un proche disparu…
Gwenaëlle Lenoir remonte ici le fil de l’horreur et nous décrit le parcours d’un homme de courage et de résistance qui a bravé les interdits au péril de sa vie et de celle de sa famille (cela ne se fait pas non plus sans peur, ni doute…).
C’est aussi une description terrible de l’enrôlement d’une population et de la méfiance qui s’installe entre les personnes car bien sûr, il est à tout moment susceptible d’être dénoncé.
Un roman glaçant dont il est difficile de s’extraire lorsqu’on pense avec effroi à toutes ces vies perdues (et dans quelles terribles circonstances).
Une écriture limpide pour dire l’innommable et s’y immerger avec une tension absolument terrible de bout en bout.

Retrouvez plus d’infos sur le site de l’éditeur

  • Résumé :

Un matin, un photographe militaire voit arriver, à l’hôpital où il travaille, quatre corps torturés. Puis d’autres, et d’autres encore. Au fil des clichés réglementaires qu’il est chargé de prendre, il observe, caché derrière son appareil photo, son pays s’abîmer dans la terreur. Peu à peu, lui qui n’a jamais remis en cause l’ordre établi se pose des questions. Mais se poser des questions, ce n’est pas prudent.
Avec une justesse troublante, ce roman raconte le cheminement saisissant d’un homme qui ose tourner le dos à son éducation et au régime qui a façonné sa vie. De sa discrétion, presque lâche, à sa colère et à son courage insensé, il dit comment il parvient à vaincre la folie qui le menace et à se dresser contre la barbarie.

Camera obscura, Lenoir Gwenaëlle

Je fais partie du jury du Prix du meilleur polar des Éditions Points.
Vous pouvez découvrir ici mon retour sur La cour des mirages de Benjamin Dierstein qui fait partie de la sélection…

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