Grégoire Delacourt me touche au cœur, l’enfant qu’il était, l’adulte, l’écrivain qu’il est devenu…
Celui qu’on n’attendait pas au tournant de sa Liste des envies, dans un registre tellement différent, qui est celui de la vérité, du témoignage…
Oui, certainement il a dû bousculer des lecteurs, qui pensaient peut-être continuer dans cette lignée vertueuse, avec un livre-succès qui donnait du baume au coeur, mais il fallait au moins ça pour parler de lui cette fois-ci.
L’écrivain qui raconte de belles histoires, peut-il réaffirmer la sienne si facilement ?
Suffocation… voilà le mot qui me vient à l’esprit à la lecture de ce récit autobiographique tourmenté.
Face au silence des uns, au déni des autres, il se livre : la violence inouïe d’un père, l’amour désespéré d’une mère… un tableau sombre qui vient compléter l’histoire déjà amorcée dans Mon père, son autre roman autobiographique.
C’est un roman qui résonne, comme si l’écriture était prise dans un caisson de basses, venant amplifier l’écho de cette voix qui se raconte.
Sans doute cette impression subjective est-elle liée au fait qu’on est comme balancé dans la tête et les idées de l’auteur.
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𝗥𝗲́𝘀𝘂𝗺𝗲́ : « J’ai compris depuis ce qui motiverait mon chemin d’écrivain. Présenter à l’adulte que je suis devenu l’enfant que je fus. »
Dans Mon père, publié en 2019, Grégoire Delacourt peignait un père venu demander des comptes à un prêtre coupable d’abus envers son jeune fils. Catalyseur d’émotions enfouies, le livre allait faire ressurgir des souffrances muettes et conduire son auteur a une enquête introspective profonde. Remontant enfin à la source de son enfance saccagée, Grégoire Delacourt la fait revivre dans L’enfant réparé, poignant récit autobiographique où il se livre pour la première fois.
L’enfant réparé raconte un corps abîmé et les livres qui l’ont réparé, ce corps qui très jeune a subi l’étourdissement dans le Valium ou autres médicaments et se perçoit comme un déchet. L’écriture lui permet d’abord de subsister, de fuir sa famille et ses souvenirs, avant de devenir une démarche créatrice jalonnée des traces cachées de ses douleurs enfantines.
Pourquoi le petit garçon qu’il était rêvait-il au soulagement de sauter par la fenêtre ? Qui était ce père, absent et bourreau ? Cette mère adorée fuyait-elle son propre enfant, ou bien faisait-elle tout pour le protéger ?
L’enfant réparé est l’histoire d’une enfance abusée, d’une famille où l’on porte le déni comme une armure, et un éclairage unique sur le parcours d’un écrivain. « Le jour où j’ai appris que j’étais une victime, je me suis senti vivant. » Dans un style acéré, précis, un regard sur soi d’une rare lucidité. Bouleversant.