Bel Abîme de Yamen Manaï a reçu le Prix Micheline en 2021. C’est un livre d’une grande puissance évocatrice, un texte d’une révolte inouïe.
Une histoire infiniment touchante. Le cri long, terrible d’un adolescent tunisien.
Si le texte est court, il n’en demeure pas moins d’une redoutable efficacité.
De quoi être émue aux larmes.
L’innocence de l’enfance bafouée, mise en danger, qui ne rencontre que la haine des autres, jusqu’à la haine de soi à l’adolescence qui conduit à l’impardonnable, au déchaînement de la violence.
On le devine bien sûr de suite, l’issue est tragique.
La révolte n’est pas seulement dans les mots, elle est aussi dans les actes forts de cette histoire.
La résilience qui semblait promise par l’intermédiaire de Bella, une folie, un mensonge, volée par les adultes, volée par une société incapable de se reconstruire, de donner d’autres possibilités, des lendemains.
Que reste-t-il quand on n’a plus rien ni personne sur qui compter ? Comment peut-on grandir, s’épanouir dans un milieu qui ne t’en donnera pas l’espoir ?
J’ai partagé la révolte de cet adolescent qui n’attend plus rien de la vie. L’espoir n’existe plus. La haine seule reste.
D’autres pépites sont à découvrir aux Éditions Elyzad, je vous conseille d’y jeter plus qu’un oeil !
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Résumé :
La rage d’un adolescent face à une société oppressive, mais tant d’émotion et d’humanité habite le narrateur.
« Je revenais du collège quand j’ai rencontré Bella. Une après-midi de novembre, morose. Un garçon triste, chétif, une tête à claques, la tête baissée, la peur qui habite ses tripes, et parfois, l’envie d’en finir. On n’imagine pas ce que ressent un enfant quand il faut qu’il se fasse encore plus petit qu’il n’est, quand il n’a pas droit à l’erreur, quand chaque faux pas prend un air de fin du monde. Mais en l’entendant, ce jour-là, j’ai redressé le menton. »
Yamen Manai nous conte avec fougue le cruel éveil au monde d’un adolescent révolté par les injustices. Heureusement, il a Bella. Entre eux, un amour inconditionnel et l’expérience du mépris dans cette société qui honnit les faibles jusqu’aux chiens qu’on abat « pour que la rage ne se propage pas dans le peuple ».
Mais la rage est déjà là.
Ressources supplémentaires
Yamen Manai nous parle de Bel abîme dans le journal international de TV5 Monde.
Autre sujet, sentiment de révolte différent mais puissant lui aussi avec la BD de Philippe Squarzoni : Saison brune aux éditions Delcourt.