L’île au bonheur, Harry Bernas

L'île au bonheur, Harry Bernas

Ne vous fiez pas à son titre innocent… Ce livre pourrait bien vous réserver quelques surprises et, autant vous le dire tout de suite, elles ne sont pas bonnes…

Nous sommes assis sur une poudrière et nous sommes volontairement aveugles. À cause de la complicité des scientifiques, des politiques et du lobbying industriel, les risques inhérents à la radioactivité et notamment concernant son utilisation en centrale ont été balayé d’un revers de la main.

Tout est pourri à la base et c’est inexorable…

Harry Bernas est un scientifique de renom, ancien directeur du CNRS.

Pour remonter le fil de sa mémoire, des enjeux et de l’aboutissement de la science nucléaire il nous livre un témoignage saisissant sur sa vie et ses questionnements, avec en trame de fond l’histoire du nucléaire du désastre d’Hiroshima à celui de Fukushima…

Lorsqu’on parle d’énergie nucléaire, le bruit de la guerre et ses désastres ne semblent jamais bien loin…

D’autant que des générations de scientifiques ont travaillé en étroite collaboration avec l’armée qui les finance (alors même que les projets étaient encartés pacifiques comme le fameux « Atomes pour la paix » d’Eisenhower… Une mascarade évidemment…).

À l’heure où l’énergie est un nouveau défi qu’il nous faut surmonter, à l’heure où la centrale ukrainienne de Zaporijia menace la planète entière, ou la guerre énergétique vient juste de commencer… la lecture de ce livre me semblait importante.

Car aujourd’hui encore nous subissons le résultat de décennies de mensonges et d’aveuglement.

Vous serez certainement révolté à la lecture de certains passages…

Peut-être le serez-vous encore un peu plus en apprenant que « l’île au bonheur » est la traduction française d’un lieu que nous connaissons tous depuis 2011… Fukushima.

Un ouvrage passionnant donc, traduit par Nancy Huston (autrice de l’Arbre de l’oubli aux éditions Actes Sud…).

Retrouvez plus d’infos sur le site de l’éditeur

  • Résumé :

Le Bronx, 1945. Par une moite après-midi d’août, un gamin dont la famille a fui le nazisme écoute la radio. Surgit la voix du président Truman : une seule bombe, « atomique », a rasé Hiroshima. « Le plus grand succès de la science organisée de toute l’histoire. » De cet événement, le petit garçon retiendra notamment la photo d’une absence : un homme retiré de son ombre par la déflagration. 

Adulte, le gamin deviendra physicien : ancien directeur de laboratoire au CNRS, Harry Bernas est aujourd’hui un scientifique reconnu dans le domaine des nanosciences, et son histoire n’a cessé de croiser celle de la science nucléaire. Jusqu’à Fukushima. Fruit d’un programme nucléaire ayant occulté les risques d’un tsunami pourtant documentés, le drame de 2011 a agi comme un révélateur de la cécité volontaire des hommes sur les conséquences de leurs choix techniques et sociaux.

Dans ce captivant récit qui entremêle souvenirs personnels et réflexions scientifiques, Harry Bernas tente de comprendre d’où vient cet aveuglement délibéré. Lucidement, mais sans aucun fatalisme, il met au jour comment, du projet Manhattan aux réacteurs GEN-IV en passant par la politique « Atomes pour la paix » d’Eisenhower, on en est venu à modifier insensiblement la finalité même de la science, dont l’objet ne consiste plus à connaître le monde, mais à la rendre perméable au pouvoir. Ou comment Newton et Einstein ont été supplantés par Jeff Bezos et Elon Musk.

Nous pensions vivre paisiblement sur l’île au Bonheur. En japonais, « île au Bonheur » se dit Fukushima…

  • Ressources supplémentaires

Écoutez le podcast Signes des temps sur Radio France.

À l’occasion de la parution de « L’île au bonheur : hommes, atomes et cécité volontaire » du physicien Harry Bernas, Signes des temps revient sur l’histoire de la science nucléaire et l’impact des choix politiques et techniques.

Écouter le podcast « Usages et sûreté de l’énergie nucléaire par temps de crise ».

L'île au bonheur, Harry Bernas

Une autre lecture ? Lulu de Léna Paul-Le Garrec est un récit à la fois curieux, plein de poésie, parfois aussi cruel…

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