L’aventurière de l’étoile fait partie de la sélection non fiction du Grand Prix des Lecteurs Pocket 2022.
Biographie romancée de Jeanne Barret, une aventurière pas comme les autres.
À son époque – nous sommes en 1767 – les femmes sont interdites sur les bateaux d’expédition.
Jeanne Barret va pourtant le braver cet interdit pour suivre son amant et compagnon le naturaliste Philippe Commerson (et cette union est déjà en elle-même toute une épopée, un véritable « scandale » pour les bien-pensants vous le verrez…).
Commerson est invité par le roi Louis XV à participer à l’expédition de Bougainville pour y prélever, étudier et classifier de nouveaux spécimens de plantes.
Ils vont tous deux s’embarquer sur l’Étoile, navire de l’expédition scientifique de Bougainville qui s’apprête, depuis l’Île d’Aix, à faire le tour du monde…
Grimée en homme (regardez son portrait en citation), Jeanne parvient à donner le change ; d’autant qu’elle n’hésite pas à se mêler aux marins (qui ne sont pas eux ce qu’on pourrait appeler des « marins d’eau douce », avec tous les dangers et la promiscuité que cela comporte…).
Elle se fait appeler Jean, valet de Commerson, et va assister celui-ci dans ses recherches car c’est surtout une véritable experte de la botanique.
Cela marche oui, car elle fait preuve d’une force admirable et que ce voyage elle le désirait ardemment… mais évidemment la supercherie ne tarde pas à être découverte.
Je ne vous dévoile pas quelles seront les réactions de ses compagnons de voyage… mais vous pouvez les deviner.
Dans ce roman, il est toutefois difficile de démêler le vrai du faux.
Même si ce livre de Christel Mouchard est bien sourcé et très largement documenté (on retrouve la trace de notre aventurière dans les carnets de voyage de Bougainville…), Jeanne Barret demeure un mystère. Beaucoup de zones d’ombre persistent et nous empêchent de connaître le déroulé complet des événements, la psychologie de notre exploratrice.
Il en résulte un récit passionnant qui met en lumière une femme Jeanne Barret, la première à faire le tour du monde, une personnalité hors norme qui n’a pas hésité à s’affranchir de sa condition et des usages de son époque.
Il faudra attendre 2012 pour qu’une espèce de fleur porte enfin son nom (Commerson lui avait dédiée le nom d’un arbuste qui a été renommé par la suite) : Eric Tepe, biologiste américain lui a rendu hommage avec sa Solanum baretiae.
Un hommage bien trop tardif car, comme il le soulignait :
« En fait il est prouvé que Baret est celle qui a recueilli les plantes les plus spectaculaires lors de ce voyage. ».
Retrouvez plus d’infos sur le site de l’éditeur
Résumé :
Île d’Aix, 1767. L’expédition de Bougainville s’apprête à faire le tour du globe et, au nom du roi de France, en ramener tous les savoirs, toutes les merveilles… Flanqué de son valet, le botaniste et libertin Philibert Commerson monte à bord de L’Étoile. Mais il faudra atteindre Tahiti avant que l’équipage ne commence à soupçonner l’identité de ce « valet » aux joues tâchées de son…
Quel destin que celui de Jeanne Barret ! Petite bergère du Morvan, elle n’apprendra à lire, puis à herboriser qu’au contact de son amant et mentor, Commerson. Embarquée clandestinement à ses côtés, les femmes étant interdites à bord, c’est sans état d’âmes qu’elle se jette au-devant de l’aventure. Comme un homme. Mieux : comme une femme !
Ressources supplémentaires
Écouter la chronique littorale de Jose Manuel Lamarque sur France Inter : « Jeanne Barret, l’aventurière de l’Etoile »…
Lire un autre portrait de femme hors norme ? Je vous conseille Agent Sonya de Ben Macintyre qui fait également partie de la sélection non fiction du Grand Prix des Lecteurs Pocket.
Pour une plongée dans le roman d’espionnage avec la biographie romancée d’Ursula Kuczynski – nom de code SONYA c’est par ici.
