Comment est-il possible que je sois passée à côté de cette histoire ?
Pour tout vous dire, ce roman historique m’attendait sagement dans une boîte à livres rochelaise… Je n’ai fait que lire la dernière de couv’ qui m’a tout d’abord intriguée : qui étaient donc ces « béguines » dont nous parlait Aline Kiner ?
Moi qui m’intéresse beaucoup à l’histoire, je n’en avais jamais entendu parler ou presque.
Je me suis donc plongée dans cette lecture avec une curiosité vorace.
Les béguines étaient des femmes incroyablement modernes dans une époque moyenâgeuse qu’on juge souvent brutale, austère, voire dangereuse pour la condition féminine (l’Inquisition commence à faire ses premiers ravages).
C’est Saint Louis (le roi Louis IX) qui a créé le béguinage royal dans le Marais à Paris : on trouve ici des veuves, des femmes ayant fui la violence d’un mari, répudiées, des femmes pieuses qui s’assument seules et libres dans cet espace clos sous la protection relative de cette communauté laïque et de ses protecteurs.
Seulement voilà, sous le règne de Philippe Le Bel, les choses vont dramatiquement se précipiter… On va commencer par arrêter les Templiers, bientôt ce seront les béguines qui seront dans le collimateur de la morale et de l’église en commençant par l’une de ces représentantes, Marguerite Porete.
Elle est brûlée en 1310 pour avoir osé écrire un livre (ce qui est déjà un outrage à l’époque !) sur sa mystique (alors là c’est carrément obscène !) : Le Miroir des âmes simples.
Si la plupart des béguines sont issues de l’imagination d’Aline Kiner, qu’il s’agit ici d’une fiction, Marguerite Porete a vraiment existé et son livre a bien été classé hérétique par l’église de l’époque… Il a même survécu (contrairement à son autrice) et constitue aujourd’hui le plus ancien texte mystique connu en langue française.
J’ai appris que le béguinage était de retour sous une autre forme puisqu’il permet aujourd’hui à des personnes âgées de se regrouper pour (mieux) vivre ensemble (je vous invite à consulter l’émission Zoom Zoom Zen du 16 octobre sur France Inter qui traite du sujet du béguinage avec Marie de Hennezel, psychologue et écrivain).
En bref, un livre qui remet à l’honneur ces femmes que la morale et l’église ont réprouvées (on pourrait considérer ce mouvement comme une sorte de féminisme primaire) et qui fait surtout la part belle à la sororité !
Retrouvez plus d’infos sur le site de l’éditeur
Résumé :
Paris, 1310, quartier du Marais. Au grand béguinage royal, elles sont des centaines de femmes à vivre, étudier ou travailler comme bon leur semble. Refusant le mariage comme le cloître, libérées de l’autorité des hommes, les béguines forment une communauté inclassable, mi-religieuse mi-laïque. La vieille Ysabel, qui connaît tous les secrets des plantes et des âmes, veille sur les lieux. Mais l’arrivée d’une jeune inconnue trouble leur quiétude. Mutique, rebelle, Maheut la Rousse fuit des noces imposées et la traque d’un inquiétant franciscain… Alors que le spectre de l’hérésie hante le royaume, qu’on s’acharne contre les Templiers et qu’en place de Grève on brûle l’une des leurs pour un manuscrit interdit, les béguines de Paris vont devoir se battre. Pour protéger Maheut, mais aussi leur indépendance et leur liberté.
Tressant les temps forts du règne de Philippe le Bel et les destins de personnages réels ou fictifs, Aline Kiner nous entraîne dans un Moyen Âge méconnu. Ses héroïnes, solidaires, subversives et féministes avant l’heure, animent une fresque palpitante, résolument moderne.
Découvrir ma chronique de la bande dessinée adaptée du roman de Claudie Hunzinger : Les grands cerfs de Gaétan Nocq aux Éditions Daniel Maghen