Une histoire d’amour qui défie le temps et les convenances. Forcément, la sulfureuse George Sand a mis beaucoup d’elle-même dans ce roman, s’inspirant très largement de son histoire avec Alfred de Musset.
Ce qui lui a bien entendu été reproché, mais les puritains de l’époque en auront été pour leurs frais, car ils ne sont pas du genre à intimider l’autrice…
Ce roman a d’ailleurs donné lieu à une savoureuse joute littéraire avec les autres protagonistes de l’époque : le frère de Musset qui répliquera par son Lui et Elle, alors qu’une autre maîtresse de Musset, Louise Colet publiera un laconique Lui, suivis d’un Eux par Moi, drame en un acte de Gaston Lavalley et d’un Eux et Elles : histoire d’un scandale d’Adolphe de Lescure…
L’histoire pourrait ainsi se poursuivre indéfiniment, les uns les autres se renvoyant la balle au rebond.
Il faut savoir qu’à la publication du livre de George Sand en 1859, Musset était déjà mort depuis 2 ans. Il avait publié, au lendemain de sa rupture avec l’autrice, et avec son accord, La Confession d’un enfant du siècle, autobiographie de sa liaison qui utilise notamment la correspondance échangée par les deux amants (livre publié en 1836).
Mais qu’y a-t-il dans ce livre pour qu’il ait autant échauffé les fins esprits de l’époque ?
C’est que, dans le livre de George Sand, la passion amoureuse exsude par tous les pores du papier, quitte à égratigner les génies qui sont les véritables protagonistes de ces tourments.
Puisqu’il s’agit tout de même d’une fiction, les deux auteurs deviennent ici deux artistes peintres – Laurent et Thérèse – aux personnalités, vous l’aurez compris, bien affirmées.
Laurent est un bel exemple de personnalité « borderline », romantique sur le fil, ses démons viennent sans cesse le tourmenter (le jeu, l’alcool, les femmes), il va en quelque sorte mettre à bas l’amitié dévouée de Thérèse en l’aimant plus que de raison, car dans la passion, la haine n’est jamais bien loin…
Thérèse est pudeur, innocence, car la vie ne l’a pas épargnée, elle veut garder ses distances tandis que Laurent n’est que fougue, jalousie et menace même de se tuer si elle ne répond pas à son amour…
Voilà donc qui est plutôt mal parti, et en effet le véritable amour ne va durer ici que 7 jours (on est loin des 3 ans qu’on nous rabâche avec fatalité), tout le reste n’est que passion dévorante et ce n’est pas un voyage des amants en Italie, pays idéalisé par Laurent, qui risque d’arranger les choses…
Un texte captivant, qui dit la passion, la destruction, le romantisme.
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Résumé :
Alfred de Musset et George Sand vécurent ensemble une folle aventure, romantique, passionnée. Réunis dans ce roman sous les traits de Laurent et Thérèse, du triomphe de la passion jusqu’à son triste déclin, le couple se découvre, s’aime, se déchire, au fil d’une histoire superbe, sombre, où la jalousie et la mort ne sont jamais loin des plus ardents désirs.
George Sand est née à Paris en 1804 et décédée en 1876. Épistolière, mémorialiste, auteur dramatique, l’amour demeure son thème de prédilection tout au long de son œuvre littéraire, qui comprend notamment La Mare au diable, La Petite Fadette, François le Champi ou encore Les Maîtres sonneurs.
« George Sand eût fait scandale par la turbulence de sa vie ; la personne encore plus que l’écrivain devançait son temps. »
Découvrir ma chronique d’Un homme sans titre, Xavier Le Clerc publié aux Éditions Gallimard