Laurent Larcher est reporter de guerre, dans ce livre sombre et bouleversant, il nous donne à voir son expérience de la violence extrême et en fait même une analyse très pointue.
Il va ainsi mettre en corrélation son travail de reporter sur le terrain, avec la littérature, la philosophie, la théologie, l’histoire…
Il s’agit, dans un premier temps, de répondre aux bouleversements internes, aux questionnements qui le taraudent alors qu’il vient de vivre le lynchage d’un homme en direct depuis la Centrafrique. L’armée française vient tout juste de se déployer à Bangui, la capitale, mais la violence semble inéluctable.
Et, comme si ce traumatisme ne suffisait pas, il perd une jeune collègue photographe, Camille Lepage, victime d’avoir voulu témoigner de cette violence de trop près.
Comment peut-on ressortir indemne de telles barbaries ? Le choc est assourdissant.
Mais avec ce livre, il ne s’agit pas pour Laurent Larcher d’un exutoire à sa peine, à son incompréhension… il veut faire tomber le masque de cette violence ! Nous montrer à quel point elle est tragiquement humaine et fait partie de chacun d’entre nous, qu’il suffit d’une étincelle pour qu’elle s’embrase, nous déshumanise totalement…
Il veut aussi révéler notre vision occidentale tronquée de l’Afrique.
Pour faire taire les mensonges et les raccourcis que Laurent Larcher a trop souvent entendus : « C’est ça l’Afrique ! ».
Comme s’il y avait une espèce de fatalité qui devrait faire du continent africain le théâtre d’éternels combats et de massacres collectifs !
C’est nier notre implication, nier notre histoire pleine de carnages tout aussi abominables, car ces meurtres de masse n’ont définitivement pas de patrie.
Cette foule anonyme, vengeresse et grisée de sang, pourrait être n’importe laquelle, n’importe où dans le monde, finalement « des gens comme vous et moi », et c’est sans doute cela qui est le plus effrayant…
La fureur et l’extase de Laurent Larcher est une lecture éprouvante mais définitivement nécessaire.
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Résumé :
« En décembre 2013, j’ai couvert la guerre en Centrafrique aux premiers jours de l’intervention française, l’opération Sangaris. J’étais accompagné d’une jeune photographe, Camille Lepage. Un samedi matin, nous avons assisté à un lynchage. Ce n’étaient pas des soldats russes ou syriens. Ce n’étaient ni des miliciens ni des djihadistes, pas plus que des Nazis ni des tortionnaires français de la guerre d’Algérie. C’étaient des femmes et des hommes de la rue, des gens comme vous et moi. Avec Camille, nous avons été entraînés par ce courant ultra-violent de gens ordinaires. Elle en est morte. »
Comment faire l’expérience de la violence extrême sans en être soi-même changé ? Reporter de guerre, Laurent Larcher livre un récit haletant, au cœur des ténèbres, pour comprendre la mort d’une jeune photojournaliste. Du théâtre grec à René Girard, de Michel Foucault au grand roman américain, l’auteur confronte les textes à son expérience des violences de masse, cherchant à cerner cette soif de sang qui bat dans l’histoire de l’humanité.
Je vous parle d’un titre paru dans la collection Les petites conférences des Éditions Bayard : La science des rêves d’Isabelle Arnulf
