Avec la Cour des mirages, je mets un « point » final à cette passionnante expérience de jury dans le cadre du Prix du meilleur polar des Éditions Points.
La sélection fut hétéroclite et décalée avec des polars inspirés de l’histoire, de sujets d’actualité et vraiment je me suis régalée.
Je termine avec ce beau gros pavé qui se lit finalement assez vite car l’intrigue est fluide, les actions nombreuses et la lecture addictive.
S’il s’agit d’un polar assez classique, son originalité tient au fait qu’il s’imbrique dans une actualité politique (un peu moins récente) : la passation de pouvoir Sarkozy-Hollande.
Les affaires s’enchaînent alors à la pelle et font la une des journaux : les écoutes, la guerre de succession à l’UMP, l’enquête Bettencourt…
On suit ces péripéties politiques en même temps que les personnages écoutent les flashs infos à la radio ou interagissent entre eux.
Autant vous dire tout de suite qu’il y a du remue-ménage dans les services de l’état et le jeu des chaises musicales tourne à plein régime… ce qui a des effets dans les services de la justice et à la PJ qui n’est pas épargnée par les purges politiques et surtout la corruption.
Mais entre corruption et pédocriminalité il y a une marge… que l’auteur n’hésite pas à franchir en corrélant entre elles certaines affaires.
C’est un véritable tourbillon qui nous fait réfléchir sur ces hommes qui osent tout, jusqu’à commettre l’indicible sur des enfants.
Benjamin Dierstein ne cache rien : les mots sont parfois très crus, les descriptions poussées et cela pourrait choquer les lecteurs non avertis.
L’auteur s’attache beaucoup également à la psychologie de ses personnages côté victimes, enquêteurs ou même bourreaux.
C’est une plongée vertigineuse d’une noirceur absolue. Soyez donc préparé !
Les inspecteurs Laurence Verhaeghen et Gabriel Prigent représentent deux façons de voir la même enquête, on suit leurs pérégrinations mentales et investigations au fil des pages.
Pour des raisons différentes, leur implication n’est pas la même : la première doit sa place à un pacte qu’elle a fait et qui l’empêche d’agir à sa guise, le second, détruit par la disparition de sa fille, continue de la chercher obstinément…
On dirait que la folie des criminels entraîne la folie des enquêteurs parfois « trop » impliqués à résoudre l’enquête et trouver les coupables.
Pour conclure, je dirais que c’est un roman glaçant à ne pas mettre entre toutes les mains, mais définitivement un grand polar !
Il fait partie d’une trilogie mais peut être lu indépendamment des deux premiers livres.
Retrouvez plus d’infos sur le site de l’éditeur
Résumé :
Juin 2012. Cible des purges anti-sarkozystes, la commandante Laurence Verhaeghen profite d’un accord passé avec une cellule socialiste pour retrouver son collègue Gabriel Prigent, en pleine dépression depuis la disparition de sa fille. Pour leur retour à la PJ, ils écopent d’une enquête sur un ancien cadre politique qui va rapidement se transformer en descente aux enfers hallucinée dans un monde qui mêle pédocriminalité, prostitution de luxe et évasion fiscale.
Benjamin Dierstein est né à Lannion. Enfant des cités HLM bretonnes, biberonné à Ellroy, Peckinpah et Cimino, il dirige actuellement le label de musiques électroniques Tripalium Corp.
Je fais partie du jury du Prix du meilleur polar des Éditions Points.
Vous pouvez découvrir ici mon retour sur Tu sais qui de Jakub Szamalek qui fait partie de la sélection…