Un certain regard sur la Corée du Sud
Violence sociale du quotidien, mépris des travailleurs, esclavagisme et immigration, place des femmes dans la société coréenne.
Kim Sung-Hee nous parle du quotidien de Yeong-Jin une quadragénaire coréenne blasée, qui subit son métier de professeure (éternellement non titularisée), sa santé (elle vient de subir une hystérectomie) et les remarques méprisantes, paternalistes de sa hiérarchie ou de sa famille…
Elle nous livre un récit intimiste et la description d’un quotidien que vivent de nombreuses personnes en Corée du sud et dans nos sociétés libérales.
Avec toujours en toile de fond, cette dualité entre tradition et modernité qui non seulement divise mais questionne sur la société libérale et le vrai sens que l’on devrait donner à nos vies (c’est à la limite du philosophique).
Tout semble cyclique, les mêmes travers qui reviennent tout le temps, la même acceptation ordinaire après des phases de révolte.
C’est gris jusqu’à l’écoeurement parfois, d’ailleurs les planches en trois couleurs viennent encore accentuer ce mal-être, une sobriété contenue qui se défoule dans les détails toujours pertinents.
Mais ne vous y trompez pas : il y a aussi beaucoup d’humour, un humour noir que manie à merveille l’auteur et qui permet de tacler au passage ceux qui induisent ces situations de précarité (précarité de l’emploi principalement pour les travailleurs coréens et les migrants mais aussi précarité relationnelle).
En Corée du sud on nomme les dessinateurs de BD manhwaga (littéralement dessinateur humoristique), ce sont généralement des femmes qui travaillent en indépendantes pour de petites maisons d’éditions et ne touchent au final que peu de droits d’auteur…
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𝗥𝗲́𝘀𝘂𝗺𝗲́ : Une femme coréenne en proie à des doutes existentiels dans une société ultralibérale qui laisse de nombreuses personnes dans la précarité.
Yeong-jin, jeune quarantenaire, enseigne dans un lycée privé protestant de Séoul. Elle est confrontée à des violences sociales de toutes parts. Non titulaire, elle se sent obligée, pour conserver son poste, d’accepter tout ce que lui demande son employeur. Submergée de travail – elle s’occupe aussi des enfants de sa sœur pendant ses vacances – elle souffre de n’avoir aucune reconnaissance de sa hiérarchie. Son petit ami travaille dans une association d’aide aux travailleurs migrants qui se font exploiter par les agriculteurs coréens dans des conditions qui frôlent l’esclavagisme. Sa mère continue à faire les ménages bien qu’ayant l’âge de la retraite. Et Yeong-jin vient de subir un hystérectomie… La violence de la société libérale l’affecte de plus en plus et l’amène à se poser des questions sur son rapport au travail, sur sa relation avec ses parents et sur l’avenir de son couple.
Superbe portrait d’une femme en révolte, La Capacité de survie est une réflexion très personnelle, politique et sociale, sur l’état d’un pays et l’état d’une femme.