Imparfaite, Ludivine Grétéré

Imparfaite, Ludivine Grétéré

L’anorexie est une maladie cruelle à plus d’un titre : parce qu’elle est un puissant « outil » de destruction de soi mais aussi de ses relations aux autres qui semblent se déliter en même temps que le corps s’émacie.

Définir l’anorexie est d’une complexité inouïe lorsqu’on n’y a pas soi-même été confronté.
C’est sans doute pour cette raison, que l’autrice Ludivine Grétéré décortique le parcours de son personnage Mia avec tant d’acuité. C’est évidemment un roman très personnel puisqu’elle a souffert d’anorexie-boulimie.
Le premier déclencheur de l’anorexie, ce sont les normes sociétales et ce regard tranchant sur nos corps. « L’imperfection » dans les yeux des autres qui définit de nouvelles normes physiques et mentales impossibles à atteindre mais surtout néfastes.
La parole de trop qui réprimande la gourmandise, les moqueries sur le poids, le harcèlement quotidien à l’école et sur les réseaux ou les mots d’un professeur de danse qui trouve que son élève doit perdre quelques kilos pour le gala (le monde de la danse est truffé de pièges pour les jeunes filles en fleurs : le corps est l’outil artistique que l’on affûte parfois avec une rigueur extrême…).
L’anorexie est un piège dont il est difficile de s’extraire, et ce n’est pas une question de volonté !
Mia est piégée dans son propre corps, piégée dans un monologue ininterrompu, une voix qui est celle du jugement, de la critique assassine, une voix qui dicte et amenuise la volonté en même temps qu’elle fragilise le corps.
Mia pourrait être quelqu’un de votre entourage : cette collègue de travail, cette mère, cette fille, cette inconnue…
Il est si facile de trouver des subterfuges pour cacher aux autres qu’on est en souffrance.
Mia donne d’abord le change puis, petit à petit, fait le vide autour d’elle pour échapper à d’autres voix, d’autres jugements : une cacophonie qui abîme plus qu’elle ne sauve en vérité…
Comment sortir de cette prison mentale ?
Ce que l’on peut faire en tant que témoin de cette détresse : apprendre à regarder autrement sans ciller devant ce qui nous blesse, mettre des mots sur ce que l’on devine, rester ce bras tendu même quand le déni est total et que la personne le refuse avec dureté, ne jamais cesser d’écouter, proposer sans juger, peut-être aussi partager une lecture.
Ça pourrait être ce livre de Ludivine Grétéré.
D’une brutalité féroce, il ne cache rien mais offre néanmoins une forme d’espoir…

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  • Résumé :

Dans le miroir de la salle de bains, Mia observe le reflet d’un corps qu’elle hait. Elle a quinze ans et ses formes lui paraissent trop arrondies, son visage trop joufflu, ses jambes bien plus épaisses que celles des modèles des magazines. Le premier régime qu’elle s’impose est un succès et lui donne l’impression d’exercer un contrôle sur son apparence. Alors, pourquoi ne pas continuer?
À mesure que les kilos disparaissent, que son regard s’altère et que son jugement s’égare, une voix s’élève en Mia et lui dicte quoi faire. Tantôt fardeau, tantôt unique compagnon de son calvaire, ce monstre intérieur la ronge, pendant des années, et l’éloigne de plus en plus de ses proches, spectateurs impuissants. 
Mia a désormais vingt ans, son coeur bat trop vite, son corps ne lui obéit plus et elle est fatiguée. Entre elle et le monstre, qui sifflera la fin de la partie ? 

Imparfaite, Ludivine Grétéré

Je fais partie du jury du Prix du meilleur polar des Éditions Points.
Vous pouvez découvrir ici mon retour sur La cour des mirages de Benjamin Dierstein qui fait partie de la sélection…

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