Un livre à fleur de peau au haut pouvoir évocateur amené avec justesse par son autrice, Anne-Claude Brumont, qui mélange fiction psychologique et poésie.
Cette dernière (la poésie), Rosa l’a dans la peau, je veux dire par là qu’elle l’a littéralement tatouée sur sa peau.
Elle est tatoueuse professionnelle et le livre démarre sur des notes incertaines, un drame semble se jouer : s’agit-il d’une rupture amicale, amoureuse ? Comment Rosa est-elle arrivée à de telles limites, « propulsée hors d’elle-même » comme elle le dit ? Son désespoir semble infini et le destin scellé.
Commencer par cette scène d’une grande théâtralité permet de mieux comprendre ce qui enflamme Rosa : un désespoir fou, inconsolable, une impossibilité à faire face à ses émotions, un esprit aux portes de la folie. La seule échappatoire semble alors la fuite…
Les chapitres suivants vont s’atteler à décortiquer les faits qui amènent à cette scène d’ouverture.
Rosa est une personnalité sur le fil qui a du mal à gérer ses relations aux autres : passion, amour, amitié… Elle passe d’un attachement trop profond à l’autre, comme si elle voulait compenser (sans que ça ne soit vraiment possible, on a l’impression de strates de meurtrissures qui n’en finissent plus de la blesser jusqu’à la pousser en dehors d’elle-même).
Comment se préserve-t-on d’une rupture – fut elle amicale, amoureuse et plus – lorsqu’on est hypersensible depuis toujours ?
C’est un très joli texte, à la plume sensuelle et élégante, s’il se lit vite, il laisse comme une trace (un filigrane de tatouage, d’autant qu’il est écrit à la première personne) et ne vous laissera certainement pas indifférent (avec notamment une chute inattendue…).
Retrouvez plus d’infos sur le site de l’éditeur
Résumé :
Rosa, jeune tatoueuse de Pigalle, est une orpheline éprise des sensations et des gens. Depuis qu’Artus l’a quittée, elle ne fait rien d’autre que de travailler et d’espérer son retour. Comment survivre à l’absence ? De quelle façon le recours à l’art permet-il de faire oeuvre de soi ?
Plus que le récit de la vie d’une femme à la sensibilité hors norme, Fleurs de peaux est une invitation à voyager sur la peau pour toucher du doigt ce qui fait notre humanité : le désir de transmission, la famine d’amour, la morsure du manque…
Je fais partie du jury du Prix du meilleur polar des Éditions Points.
Vous pouvez découvrir ici mon retour sur La cour des mirages de Benjamin Dierstein qui fait partie de la sélection…