La solitude, l’effacement social, la peur, la folie… Il y a un peu de tout ça dans le dernier roman de Jonathan Dee.
Où peut-on se cacher lorsqu’on fuit sa propre vie, que l’on souhaite effacer chaque trace et ne plus en laisser aucune ?
Que fait-on aussi de son bagage, de ce que l’on porte avec soi ?
Cela peut être de l’argent (car notre protagoniste ne fuit pas les mains vides), mais aussi le deuil de sa vie passée et des personnes qui en faisaient partie.
Ce livre tourne autour des émotions et actions que suscite cette solitude qui impose un dénuement complet (mais est-ce possible lorsqu’on transporte un butin ?).
Notre fugitif va donc atterrir à Sugar street pour tourner une page qu’il ne pourra pas vraiment oublier.
Sugar street semble être le lieu de rencontre de beaucoup de misère humaine. Ceux qui résident ici ne semblent jamais être suffisamment du bon côté, méprisés, ils sont eux aussi les victimes d’un enfermement social (sauf qu’eux, ils ne l’ont pas choisi).
Et puis, il ne profite même pas de son argent même quand il voudrait faire « le bien » : il ne peut pas le faire puisque chaque pore de sa peau, chaque jour qui passe, il le dédie à cet effacement.
Il n’est pas sans humanité, sauf que la solitude pousse à la cogitation, et la cogitation à la folie…
Voilà comment il s’est finalement enfermé dans sa propre cellule.
Un page-turner américain comme je les aime (et je lui pardonne cette offense en début de roman « Kerouac, toute cette merde… ».)
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Résumé :
Sans nom ni visage, un homme fuit son passé avec 168 548 dollars cachés dans sa voiture. Son but : une vie plus simple, loin de tous les privilèges qui ont construit son identité.
Arrivé dans une ville inconnue, il loue un studio auprès d’Autumn, une femme étrange. Chacune de leurs rencontres est marquée par une méfiance mutuelle. Petit à petit, l’argent, comme un sablier qui s’égrène, se tarit.
Réflexion sur le monde moderne et ses dérives, Sugar Street peut se lire comme une réécriture urbaine de Walden ou la Vie dans le bois de Thoreau.
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