Je l’attendais cette « nouvelle » émission… La grande librairie animée par Augustin Trapenard ne m’a pas déçue, mieux, elle m’a permis de me conforter dans cette envie de découvrir le livre de Lola Lafon.
Comme beaucoup, j’ai découvert le journal d’Anne Frank à l’adolescence. J’écrivais moi-même un journal et les mots de cette jeune fille entraient en résonance avec ma vie d’ado de l’époque et l’histoire que j’apprenais à l’école…
C’est moi qui ai choisi de le lire même si ensuite je l’ai étudié en classe (de cela il ne reste rien).
J’ai redécouvert ce livre avec mon œil d’adulte lorsque mon ado a lu à son tour Le journal d’Anne Frank. J’ai ressorti du carton la vieille édition aux pages jaunies.
Je n’avais pas conscience de tout ce qui se tramait en dehors de ce texte lorsque j’étais ado : les digressions des uns, les affirmations des autres, la véracité remise en cause, l’écriture décortiquée… tout ça je l’ai découvert bien plus tard…
Et il y avait ce goût de fiel, l’idée qu’on puisse remettre en cause cette œuvre me semblait ahurissante, abjecte.
Lu comme un roman, jamais vraiment expliqué comme il aurait pu/dû l’être pendant ma scolarité, je l’ai longtemps gardé en mémoire car c’est bien sûr un livre de vie mais il est aussi bouleversant de part son contexte.
Je dois dire qu’il m’avait complètement échappé que l’Annexe était un lieu bien réel (je le pensais au mieux détruit… je ne sais pourquoi, pourtant je suis allée il y a des années à Amsterdam), je ne pensais donc pas qu’il pouvait être devenu un musée !
De là ma curiosité première pour le livre de Lola Lafon.
Ce livre fait partie de la collection « Ma nuit au musée » de Stock qui invite des écrivains à passer une nuit dans le musée de leur choix et à écrire un livre en corrélation avec cette expérience.
Si Lola Lafon a choisi ce lieu, ce n’est évidemment pas un hasard. Il n’y a jamais de hasard ?
J’ai compris grâce à elle l’importance capitale de parler ici d’œuvre littéraire car Anne Frank avait retravaillé son journal dans ce sens, il ne s’agit donc plus d’un témoignage d’adolescente, mais bien plus que cela.
L’impact de ce livre est une déflagration qui ne cesse de revenir en écho : à travers lui et la découverte du lieu sanctuarisé de la mémoire d’Anne Frank, Lola Lafon s’est sans doute retrouvée. En levant le voile sur son passé familial, elle a ouvert les vannes des émotions, et forcément, elles affluent puissamment.
La mémoire des lieux, la mémoire du passé, la mémoire des personnes, la mémoire familiale : la Mémoire se doit d’être partagée pour faire taire la nuit, l’oubli…
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Résumé :
« Le 18 août 2021, j’ai passé la nuit au Musée Anne Frank, dans l’Annexe. Anne Frank, que tout le monde connaît tellement qu’il n’en sait pas grand-chose. Comment l’appeler, son célèbre journal, que tous les écoliers ont lu et dont aucun adulte ne se souvient vraiment.
Est-ce un témoignage, un testament, une œuvre ?
Celle d’une jeune fille, qui n’aura pour tout voyage qu’un escalier à monter et à descendre, moins d’une quarantaine de mètres carrés à arpenter, sept cent soixante jours durant. La nuit, je l’imaginais semblable à un recueillement, à un silence. J’imaginais la nuit propice à accueillir l’absence d’Anne Frank. Mais je me suis trompée. La nuit s’est habitée, éclairée de reflets ; au cœur de l’Annexe, une urgence se tenait tapie encore, à retrouver. »
Ressources supplémentaires
Pour lire ma dernière chronique sur L’île au bonheur d’Harry Bernas, c’est par ici…