Ce roman ukrainien de Maria Matios traduit par Nikol Dziub a déjà reçu le Prix du Livre de l’année dans son pays d’origine.
Cela ne m’étonne guère, les secrets infusent ce texte d’une lucidité extraordinaire !
J’ai ressenti une affinité certaine entre ce texte et les romans champêtres que l’on peut souvent qualifier de contes d’une de mes autrices adorées : George Sand (qui d’ailleurs comme le livre de Maria Matios évoque aussi l’univers féminin de la sorcellerie ! Je pense par exemple à La petite fadette…).
Bien sûr, il s’agirait ici d’un conte cruel et implacable (les contes ne manquent jamais de cruauté et d’actes barbares qui sont souvent édulcorés dans la littérature jeunesse car les contes classiques que l’on racontait lors des veillées s’adressaient surtout aux adultes).
Dans cet environnement isolé, presque intemporel, les femmes sont souvent les premières victimes de cette cruauté, de l’amour passion que l’on force, qui détruit..
Je vous laisse décider s’il y aurait une morale à en tirer…
Nous sommes évidemment bien loin du Berry natal de George Sand, et pourtant j’y trouve encore des correspondances : les croyances et la sorcellerie qui rythment le quotidien, l’importance viscérale de la terre que l’on se dispute sans vergogne, l’amour qui rend fou…
Au début du XXème siècle, les Carpates ukrainiennes sont le lieu de traditions séculaires qui accrochent les hommes à la terre et les femmes à des maris qu’elles n’ont pas toujours choisi. Ainsi en va-t-il de ces hommes et de ces femmes tour à tour victimes et bourreaux.
La guerre n’est jamais bien loin non plus avec son lot de violence et de peur… des luttes de territoire inhérentes à la condition des hommes prompts à se battre pour mieux asseoir leur pouvoir encore une fois sur la terre mais aussi les femmes qui le peuplent.
Vous l’aurez compris : j’ai adoré ce récit au style narratif d’une grande richesse et qui laisse en bouche comme une amertume… Je vous invite à le découvrir sans attendre !
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Résumé :
Presque jamais autrement est une saga familiale qui se déroule dans les Carpates ukrainiennes au début du XXesiècle. Elle met en exergue les grandes passions des gens ordinaires, avec en arrière-plan le destin d’un territoire martyrisé par les guerres et les dominations successives.
Dans un style remarquable, entretissant magistralement les fils narratifs, Maria Matios livre un récit, souvent cruel, où les frères s’entretuent pour de maigres parcelles de terre, où des femmes téméraires défient, sans toujours la contester, la loi d’hommes parfois vertueux et courageux, parfois lâches et impuissants, et où la sorcellerie semble exercer un pouvoir réel.
Prix du Livre de l’année en Ukraine en 2007
Découvrir ma chronique de Coup de froid sur Amsterdam, d’Irène Delse aux Éditions du 81