À la lecture de ce roman, on a parfois du mal à faire la différence entre la fiction et la réalité, c’est sans doute là qu’est le génie de son auteur Ann Scott qui travaille ici de manière assez poussée le sujet de la traque des djihadistes sur les réseaux sociaux (elle s’est très bien documentée auprès de spécialistes de l’antiterrorisme, de journalistes, de la Katiba des Narvalos…).
Et c’est en effet le combat du personnage principal, Chris, qu’elle nous dépeint comme un jeune musicien en recherche de ce qu’il est vraiment : il tourne en rond dans un appartement vide, sans arriver à écrire une seule ligne de la musique qu’il devrait/pourrait créer.
Depuis très jeune, il est fasciné par les métiers particuliers de sa famille : une mère climatologue, une soeur photographe, l’autre grand reporter… Des profils atypiques qui le font entrer très tôt dans un monde de conflits mais aussi qui lui montrent une certaine forme de courage. Lui, le petit dernier qu’on a voulu épargner, peut-il aussi trouver sa place dans ce monde-là ?
Ce sentiment et cette peur pour elles aussi, l’amènent à consulter en véritable boulimique toutes les données ayant trait au djihadisme, à la vie des journalistes en zone de guerre dont il écrit scrupuleusement les notes dans le Rolodex donné par sa mère (les passages sont des résumés de chapitres du vrai Guide pratique de sécurité des journalistes de Reporters sans frontières).
Cette fascination, presque morbide, le pousse à intégrer sur le web un groupe d’anonymes, la Katiba des Narvalos, qui traque les terroristes…
Ce mouvement existe réellement et contribue à lutter contre les cyber-djihadistes notamment en infiltrant leur réseau (sur Twitter puis Telegram…) ou encore en parodiant les comptes des propagandistes sur twitter pour les discréditer… Il a été créé suite aux attentats à Charlie Hebdo. C’est donc un roman qui vibre étrangement en cette période de procès…
Retrouvez plus de détails sur le site de l’éditeur…
𝗥𝗲́𝘀𝘂𝗺𝗲́ :
« Quatre heures du matin et il court, sous la pluie.
Il court sous la pluie battante avec la capuche de son sweat relevée, et il se demande si les gens qui nous ont blessé gardent une sorte de pouvoir sur nous pour toujours. »
Musicien, Chris vit la nuit dans un appartement trop grand et presque vide où il tente de composer son premier album.
Inspiré par l’engagement de sa mère, climatologue, et de ses soeurs, l’une photographe de guerre, l’autre grand reporter, il cherche aussi à donner un sens à sa vie. Jusqu’au jour où il découvre un groupe d’anonymes qui lutte contre la propagande jihadiste sur les réseaux sociaux. Fasciné par leur courage, Chris se lance dans cette cybersurveillance d’un genre particulier. Peu à peu, il voit son quotidien submergé par cette bataille qui l’éloigne de sa musique et de lui-même.
Mais comment arrêter sans se sentir lâche ? Et comment retrouver la grâce sans laisser gagner les ténèbres ?