Profitez de l’été et de quelques pauses farniente pour vous immerger dans cette grande fresque sicilienne post mussolinienne….
J’ai trouvé ce roman-fleuve d’une densité folle, il y a derrière ce texte un incroyable travail d’écriture et de recherches historiques…
Avec sa typicité, c’est un livre qui demande évidemment d’avoir le temps, on ne lit pas comme cela un texte de 672 pages.
Je suis très attachée à la littérature italienne, si j’ai fait le tour des grands classiques pendant mes études (Italo Svevo, Pirandello,… des noms qui sont aussi chers à notre auteur Salvatore Maira), je prends toujours autant de plaisir à remettre les pieds en Italie (même si c’est mentalement).
Salvatore Maira est scénariste, spécialiste de Pirandello, auteur d’essais sur le théâtre baroque et sur la relation entre le cinéma et la littérature… et ça se voit dans son récit ! J’ai admiré son travail d’écriture !
Il sait nous rendre ses personnages si vivants : j’ai parfois eu l’impression d’être au théâtre de boulevard car cette histoire rocambolesque déborde aussi de vie et d’émotions (mais ça c’est l’Italie aussi !) et les plans sont indéniablement très cinématographiques. Mais il y a aussi de la dramaturgie (il ne faut pas oublier le fond de cette histoire, le drame des siciliens : les mouvements fascistes, la mafia…).
Il y a une espèce de joute qui se joue entre les dialogues, les coupures et descriptions, les digressions qui permettent de mieux appréhender les personnages, leur psychologie (c’est particulièrement vrai pour ses personnages centraux que sont Peppino et le commissaire Saitta) mais aussi l’intrigue générale, l’Histoire (avec un grand H).
Alors bien sûr, il faut suivre. Ça demande une certaine exigence et de l’attention pour ne pas perdre le fil.
Mais finalement l’un dans l’autre, tout s’emboite et se met en place. Et cette histoire de mulets n’est plus un fantasme, une histoire loufoque, non elle est écrite dans le marbre, terrible aussi !
Je dois également féliciter Jean-Luc Nardone et Jacqueline Malherbe-Galy pour cet incroyable travail de traduction. Merci d’avoir préservé la musicalité et la puissance évocatrice de ce roman.
Retrouvez plus de détails sur le site de l’éditeur…
𝗥𝗲́𝘀𝘂𝗺𝗲́ : Sicile, 1949. Le jeune éleveur de bétail Peppino Maiorana vient d’obtenir un marché mirifique : fournir dix mille mulets à la Grèce pour solder la dette de guerre de l’Italie. Une entreprise qui paraît impossible à réaliser, d’autant que Peppino doit faire face à deux obstacles majeurs : sa famille et la mafia. Mais il continue obstinément, zigzaguant entre les doutes et les menaces, convaincu qu’il tient là l’occasion de sa vie. Peppino trouvera un allié inattendu dans un singulier commissaire de police, Giulio Saitta, tout en ombres et lumières, marqué par un deuil qui nourrit son désir de vengeance.
En face de la mer naît peu à peu, dans le port de Messine, une ville provisoire où se croisent paysans, marchands, mineurs, espions, prostituées, toute une foule de personnages désespérés, drôles, touchants, solitaires, qui essaient avec beaucoup d’imagination et sans trop de scrupules de se réinventer une existence sur les décombres de la guerre.
Subversion néofasciste rampante, meurtres impunis, guérilla mafieuse, règlements de compte… Cette épopée tragi-comique, qui mêle des faits et des personnages historiques à de multiples intrigues romanesques, toutes imbriquées, dresse un portrait sans concession de l’histoire politique et sociale de la Sicile de l’époque.