La poésie grinçante d’André Bonmort égratigne l’homme et ses dérives.
Une poésie de révolte qui coule comme du miel sous le trait acide et qui ne manque ni d’ardeur, ni d’humour.
Le singe savant vous l’aurez certainement reconnu et autant vous le dire tout de suite : il va « prendre cher »!
Je ressens parfois une sorte de frustration face à ce que nous faisons à la nature, une impossibilité à exprimer oralement ces émotions qui me perturbent…
André Bonmort pose les mots juste avec tellement de lucidité, je m’y reconnais bien malgré moi et même si je fais beaucoup d’efforts. Je sais pertinemment qu’ils ne sont pas suffisants, peut-on vraiment lutter contre notre nature de singe savant qui veut tout dominer, pour être celui qui finit par casser ses « jouets » et même si ça lui coûte la vie ?
Le constat est accablant.
Alors bien sûr que ça bouscule, la poésie est faite de ça d’idées qui bousculent, de mots qui visent le cœur.
Je suis contente d’avoir renouer aussi sauvagement avec la poésie, c’est une belle rencontre malgré les thématiques lourdes et la somme de futurs gâchés par notre suffisance.
À travers sa poésie engagée, André Bonmort nous questionne et nous met face à nous même en nous demandant d’être plus humbles vis-à-vis du monde qui nous entoure…
« Petite branche
Et l’arbre de mon évolution n’est pas plus qu’un buisson
Je dois changer d’échelle, je me suis vu trop grand
(Autour : Honte à lui qui s’est vu trop grand, qui nous a vu trop petits !)
Petite hache
J’ai compris la leçon, ne couperai plus la branche sur laquelle je suis assis (…) »
Les éditions Sulliver sont basées à La Rochelle (autant dire chez moi, je vis du côté de Royan…), je les découvre à la faveur de ce premier texte militant et comme une première rencontre elle est porteuse d’espoir, d’ailleurs d’autres titres me tentent déjà…
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Résumé :
Il prend à témoin l’ancêtre Lucy, fragile mémoire d’un lien naturel qui aujourd’hui se délite entre nos mains.
Il invoque Lucifer, maître incontestable de notre monde dangereusement aspiré par les forces descendantes.
Il cherche dans d’hypothétiques futurs des raisons d’espérer contre toute raison…
Le singe savant, qui s’était forgé de lui-même «l’image glorieuse du double sapiens en pied», se voit confronté à la réalité de sa condition, primate du XXIe siècle désespérant de son humanité. Pour seul refuge la dérision, pour seul recours la poésie.
Découvrir un de mes derniers coups de cœur : Le Cimetière des héros d’Adrian Lesenciuc aux Éditions Bleu et Jaune.