Croire aux fauves, Nastassja Martin

Croire aux fauves, Nastassja Martin aux Éditions Gallimard, Collection Verticales

Nastassja Martin est anthropologue, alors qu’elle est sur son terrain de recherche en Sibérie, elle va faire une rencontre qui la marquera physiquement et mentalement à vie : un ours !

Attaquée, elle ne devra son salut qu’à une série de réflexes et la mise en fuite du plantigrade qui l’abandonne encore vivante, mais gravement blessée à la jambe et au visage.
Elle sera tout d’abord hospitalisée dans une base russe avant d’être rapatriée en France pour y subir d’autres interventions… Mais tout la poussera à revenir au Kamtchatka.
La scientifique a donc ici mis en mots cette rencontre improbable, violente, surhumaine, ses réactions de survie face à l’innommable, ses pensées incessantes qui tournent en boucle dans les jours, les semaines et les mois qui suivent l’événement.
Car on ne peut ressortir la même d’une telle épreuve.
À travers ce récit intime et puissant, Nastassja Martin nous raconte l’altération des barrières entre l’homme et l’animal, parce qu’en étant marquée par cet ours et lui par elle, c’est comme s’ils se rejoignaient tous deux en un point donné et avaient échangé elle un peu d’humanité contre lui un peu d’animalité.
« Un ours et une femme se rencontrent et les frontières entre les mondes implosent »
Elle est devenue la « miedka », mi-femme mi-ourse des légendes arctiques.
Forcément, ce récit interroge sur notre place dans ce monde, celle que nous accordons aux animaux. Il y a aussi une part de mystique dans cette rencontre, Nastassja Martin fait notamment référence à l’animisme, croyance selon laquelle chaque être, plante, minéral possède une âme, une force qui lui est propre et qui entre en corrélation avec celle des autres, nous relie tous (seul le corps nous différencierait).
Pour elle, l’animisme représente une piste pertinente pour redonner du sens et développer un meilleur rapport à la nature (c’est par ailleurs l’un des concepts importants du livre Par-delà nature et culture de Philippe Descola, dont elle est l’une des disciples).
Un livre initiatique, à la fois poétique, grave, ardent, à la portée écologique indéniable.

Au passage, cette lecture fait partie de la bibliographie du concours Sciences Po « Le vivant » et c’est une très bonne chose de l’y trouver…

Retrouvez plus d’infos sur le site de l’éditeur

  • Résumé :

« Ce jour-là, le 25 août 2015, l’événement n’est pas : un ours attaque une anthropologue française quelque part dans les montagnes du Kamtchatka. L’événement est : un ours et une femme se rencontrent et les frontières entre les mondes implosent. Non seulement les limites physiques entre un humain et une bête qui, en se confrontant, ouvrent des failles sur leurs corps et dans leurs têtes. C’est aussi le temps du mythe qui rejoint la réalité ; le jadis qui rejoint l’actuel ; le rêve qui rejoint l’incarné. »

Croire aux fauves, Nastassja Martin aux Éditions Gallimard, Collection Verticales

Découvrir un livre de la collection Les petites conférences de Bayard : Le temps (qui passe ?), d’Étienne Klein

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